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Territorial inequality in the Governorate of Kasserine; highlighting through the analysis of regional development indicators in west-central Tunisia

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L’inégalité territoriale dans le Gouvernorat de Kasserine ; une mise en évidence à travers l’analyse des indicateurs régionaux de développement du centre-ouest de la Tunisie

 



NADIA OUNALLI1

RIADH BECHIR2

 



 Chercheuse agroéconomiste à l’Institut de Recherche Agronomique de Tunis, et à l’Institut des Régions Arides Médenine (IRA), Rue hedi Karray, 2049 Ariana, Tel : 0021671230024 ;

2 Chercheur agroéconomiste à l’Institut des Régions Arides de Médenine (IRA), Laboratoire LESOR Institut des Régions Arides Fjè, 4119 Médenine, Tunisie, Tel : 00216 75633005 ;



Abstract - In spite of the development effort in Tunisia, problems of regional disparity regional development are identified. This problem is very important comparing north regions to interior regions like Kasserine governorate. In Kasserine, a developmental delay is recorded particularly in rural areas. In this context, we need to elaborate regional indicators of sustainable development. This work aims to study the notion of indicators of sustainability and territorial disparities that may exist between delegations in this region. To this end, a data analysis applied to a set of regional development indicators using the principal components analysis method (PCA) was conducted.

Keywords: Sustainable development, sustainability indicators, Kasserine governorate, Tunisia

 

Résumé: Malgré les efforts de développement déployés par les pouvoirs publics à l’échelle nationale, des défaillances de disparité régionale ont été identifiées entre les régions du nord et les régions intérieures comme celle de Kasserine. Dans cette zone, un retard de développement a été enregistré dans les zones rurales de cette même zone. Le présent travail traite ce problème de développement et montre une disparité régionale entre les zones rurales de cette même région. Moyennant la méthode d’Analyse en Composantes Principales (ACP), une étude et une analyse comparative de la situation de développement dans le gouvernorat de Kasserine seront menées.

Mots-clés: Développement durable, indicateur de développement, Gouvernorat de Kasserine, Tunisie.

Introduction

Au niveau régional, le plan d’ajustement structurel (PAS) et la mondialisation ont provoqué, en Tunisie, une évolution hétérogène des systèmes productifs. La politique de développement régional de la troisième et de la quatrième stratégie en relation avec le PAS est focalisée sur les moyens et les mesures d’incitations au développement des régions défavorisées (déconcentration administrative et industrielle).

La nature et l’évolution des disparités spatiales au cours des étapes du développement sont une question importante qui a été appréhendée par différents courants d’analyse en économie régionale et du développement. L’observation des disparités spatiales, aujourd’hui dans le monde révèle que, celles-ci ne distinguent pas seulement les pays développés du nord et les pays émergents du sud, mais concernent également les villes et régions d’un même pays, suivant son niveau de développement. Dans cet article, nous proposons une étude du cas du gouvernorat de Kasserine, en montrant comment les disparités régionales ont accompagné le développement économique depuis les années cinquante.

Depuis les années 80, la renaissance de l’intérêt accordé aux problèmes environnementaux, dans un contexte de dynamique socio-économique et démographique très vive, a suscité l’émergence de nouvelles interrogations tout autant doctrinales, conceptuelles, méthodologiques que décisionnelles (Sandron et Sghaier, 2000). Aujourd’hui «Chaque pays a besoin de régions compétitives et dynamiques pour atteindre ses objectifs économiques et sociaux. Le développement régional est un complément indispensable aux politiques macroéconomiques», c’est ce que déclare l’Organisation de coopération et de développement économique pour faire apparaître l’importance d’un développement intégré et global. En Tunisie, le déséquilibre régional entre les gouvernorats et la disparité territoriale entre les délégations ont été parmi les grandes révélations de la révolution de Janvier 2011. En effet, le soulèvement populaire qui a abouti à la chute du régime de Ben Ali est parti des villes tunisiennes défavorisées, d'abord celles du Sud entre 2008 et 2010 (région du bassin minier de Sud-ouest Gafsa puis villes frontalières de Sud-est Ben Guerdane et Médenine) et plus récemment, celles du Centre-ouest. L’objectif de ce travail est d’essayer d’analyser les tendances de l’hétérogénéité de cette évolution dans l’économie tunisienne et voir si elle a réduit ou accentué les disparités régionales. Ce papier propose ainsi de faire apparaître en appliquant la méthode d’Analyse en Composantes Principales (ACP) la disparité entre les délégations du gouvernorat de Kasserine du Centre-ouest. Ce travail tente à présenter dans un premier temps, le découpage administratif en Tunisie, la présentation de la région de Kasserine avec ses potentialités naturelles. Dans un deuxième temps, on propose d’agréger un ensemble d’indicateurs régionaux de développement afin de dresser une typologie des délégations du Kasserine et de discerner les éventuelles défaillances et inégalités freinant leur développement.

 

Approche méthodologique

Choix de la zone : échelle : Mener une analyse à cette échelle apparaît nécessaire pour effectuer un premier travail de mise au point sur ce qu’il est aujourd’hui des rapports entre disparité et développement, avant de pouvoir analyser encore plus finement ces questions sur la base de ce travail.

 

Présentation de la zone d’étude : Le gouvernorat de Kasserine est situé au centre ouest du pays, tout au long de la frontière algérienne (200 Km). Il est limité par les gouvernorats d'El Kef et Siliana au nord, Sidi Bouzid à l'est et le gouvernorat de Gafsa au sud. La région dispose d'importantes richesses naturelles qui constituent la base d'une multitude d'opportunités d'investissement.

Les ressources humaines : selon le recensement de 2009, le gouvernorat de Kasserine compte 428 100 habitants. Elle est en majorité rurale avec un taux d'urbanisation de 39,8 % et un taux de scolarisation de 90,4 %. La population active représente 23 % de l'ensemble de la population dont 30,4 % dans le secteur agricole.

Le gouvernorat compte 7 centres publics de formation professionnelle avec une capacité d'accueil de 2330 stagiaires. Ces centres offrent des diplômes dans des spécialités variées telle que l'électricité, l'électromécanique, la soudure, la réparation des autos, la coupe et couture, l'élevage bovin, l'arboriculture. Cette même zone compte trois établissements d'enseignement supérieur dont l'Institut Supérieur des Etudes Technologiquesl'Institut Supérieur des Arts et Métiers, et l'Institut Supérieur des Etudes Appliquées en Humanités.

 

Infrastructure : Un réseau électrique couvrant pratiquement la totalité du gouvernorat assurant un approvisionnement régulier en haute et moyenne tension à usage industriel. Le taux de branchement des ménages a atteint 98,9 %. Un réseau routier assez dense et développé (1473,9 Km de routes bitumées) faisant le lien de la ville avec le reste du pays.

Le gouvernorat compte 8 zones industrielles s'étendant sur 161,5 ha dont 143 ha aménagés. Kasserine dispose d'un grand parc écologique ' le parc de Djebel Châambi ' qui appartient au grand massif forestier tunisien. Djebel Châambi avec 1544m d'altitude est le point culminant en Tunisie.

La région est marquée par un potentiel hydraulique riche. Elle comptait 5573 puits de surface dont 4869 puits exploités, et 1246 forages exploitables.

 

Principales activités économiques dans la région

L'activité économique du gouvernorat est basée essentiellement sur le secteur agricole. En effet la région de Kasserine se caractérise par, i) la richesse de ses sols et leurs commodités aux différentes cultures, ii) l'abondance et la qualité de ses ressources en eau, iii) la spécificité de son climat permettant en particulier la spécialisation dans la production des pommes et les cultures d'arrière saison. Le gouvernorat de Kasserine possède un important potentiel agricole marqué par une surface agricole utile estimée à 790 mille ha dont 337 mille ha de parcours d'alfa, une superficie labourable estimée à 372 mille ha, et de larges surfaces de périmètres irrigués estimés à 22 mille hectares.

L'industrie dans la région de Kasserine se base essentiellement sur l'exploitation et la transformation de substances utiles et de matières premières abondantes telles que l'alfa, le marbre, le calcaire blanc de Feriana, les granulats...

Le gouvernorat de Kasserine offre un potentiel touristique diversifié qui permet à la région de devenir un pôle de tourisme culturel et écologique.

Le secteur de l'artisanat est développé puisqu'il occupe 15 000 artisans qui maîtrisent de nombreuses techniques manuelles et se caractérise par des produits artisanaux spécifiques notamment: les produits à base d'alfa, les tapis berbères...

 

Figure 1 : Carte de la zone d’étude

 

Découpage administratif en Tunisie

La Tunisie a connu des découpages administratifs différents, chacun répond à un ordre politique et socio-économique bien déterminé. Au découpage pré-colonial épousant les données naturelles et historiques et exprimant le compartimentage et la communication difficile entre les lieux, s'est succédé un découpage colonial qui répond aux impératifs coloniaux d'exploitation et d'encadrement des autochtones, utilisant aux mieux la trame tribale (Bélhedi, 1989).

Avec l'indépendance, l'Etat a doté le pays d'un découpage spatial qui répond aux impératifs de la construction nationale et de l'Etat moderne qui va, par son appareil administratif, marquer fortement l'espace (Behedi, 1989). Le découpage de la Tunisie avant la période de colonisation comporte 70 caïdats dont le responsable “le caïd” avait une fonction essentiellement fiscale, à l’intérieur de ces caïdats on trouve le “macheikhat” où son responsable s’appelle le “cheikh” qui assure le lien entre la population et le pouvoir local. À la suite de la colonisation, les autorités françaises ont gardé cette même structure mais en réduisant le nombre de caïdats à 36. Dès l'indépendance en 1956, l'Etat  a supprimé l'administration traditionnelle, a mis en place une administration moderne et il a fait un découpage par gouvernorat – délégation – secteur. Entre 1956 et 2010, le nombre des gouvernorats a passé de 13 à 24, l’augmentation du nombre des gouvernorats en Tunisie a débuté pendant les années 1970 où trois gouvernorats ont été créés en Tunisie médiane: Siliana, Zaghouan et Sidi Bouzid. Le Sahel, à son tour, divisé en trois gouvernorats : Sousse, Monastir et Mahdia.

Concernant les délégations, leurs nombres sont passés de 86 à 264 lesquelles sont subdivisées en 2073 secteurs. On signale par ailleurs une autre subdivision du territoire, constituant une autre partition du pays en zones communales et zones non communales.

 

Gouvernorat de Kasserine : présentation et découpage administratif

Le gouvernorat de Kasserine s’étend sur une superficie de 826 000 ha. Il comporte treize délégations (Haidra, Thala, Jediliane, Sbiba, Elayoun, Sbeitla, Foussana, Kasserine Nord, Ezzouhour, Kasserine Sud, Feriana, Hahhi El Ferid et Magel Bel Abbes). Il compte aussi dix communes et dix conseils régionaux.

 

Les potentialités de la zone

Agriculture : basée sur l’arboriculture notamment les pommiers de Sbiba : Un goût exceptionnel d’une culture raisonnée. Premier producteur national à raison de 40 000 t/an. Comme premier producteur national biologique, cette zone offre du pistache à raison de 400t/an.

Les Figues de Barbarie est un fruit biologique à usage cosmétique et pharmaceutique de haute valeur nutritive. A l’échelle du gouvernorat, cette culture est exploitée sur 73 000 ha, sa production est estimée à 200000 tonnes. Cette culture est utilisée dans la fabrication de produits cosmétiques et pharmaceutiques, à l’occasion des premières expériences d’exportation de ce produit.

Dans cette zone, la production maraîchère est marquée par la culture de tomate de saison et d’arrière saison. Cette zone est le premier producteur à raison de 77500 t soit 60 % de la production nationale. L’exploitation porte sur une superficie de 2600 ha soit 52 % de la superficie nationale.

 

L’industrie : Le secteur industriel dans le gouvernorat de Kasserine est basé essentiellement sur l’exploitation et la transformation de matières premières abondantes, telles que l’alfa, le marbre et l’argile. L’alfa est utilisé pour la fabrication de la meilleure qualité du papier au monde. Six milles riverains assurent la cueillette. La production annuelle moyenne varie entre 30 et 50 milles tonnes d’alfa par an. Cette industrie concerne la fabrication de la patte d’alfa pour l’exportation, et la fabrication et la commercialisation du papier d’impression et d’écriture.

Ce secteur intéresse aussi l’industrie du marbre, comme « Beige de Thala » pour décoration artistique et dallage de haut standing. Un autre produit de marbre rare et à haute valeur marchande, c’est le Marbre Noir de Boulahnech qui est utilisé dans la construction d’importants sites dans le monde, comme le Siège du Crédit LIONNAIS classé monument historique, la Musée « GUINET» des arts Asiatiques à Paris, la Musée du stade Rolland GARROS de tennis…etc.

 

L’artisanat et le tourisme

Le secteur de l'artisanat est développé puisqu'il occupe 15 000 artisans qui créent des produits spécifiques et qui maîtrisent de nombreuses techniques manuelles. Ce secteur se caractérise par des produits artisanaux spécifiques notamment les produits à base d'alfa, les tapis berbères, etc. l’artisanat a été encouragée par l'essor du tourisme culturel et écologique dans le gouvernorat, bien que celui-ci soit relativement faible dans la ville de Kasserine.

Le gouvernorat de Kasserine offre un potentiel touristique diversifié qui permet à la région de devenir un pôle de tourisme culturel et écologique. 

 

Un potentiel Patrimoine culturel

Cette zone est marquée par un patrimoine culturel qui représente 25% du Patrimoine National, Civilisations: Romaine, Chrétienne et Byzantine. Les deux zones références des ruines romaines sont Sbeitla et de Haidra. Sbeïtla est une petite ville du centre de la Tunisie située à 243 Km de la capitale Tunis et 215 de Tozeur. Elle est connue par ses ruines, les mieux conservées de la Tunisie antique (photos 1 et 2). 

 

Photo 1 : Théâtre antique, Sbeïtla

Photo 2: Place du capitole et les trois temples, Sbeïtla

 

 

La zone de Haidra est une petite ville de l'ouest de la Tunisie, située dans la dorsale tunisienne, à quelques kilomètres de la frontière avec l'Algérie, connue par son site antique de Ammaedara. Rattachée administrativement au gouvernorat de Kasserine, elle constitue une municipalité comptant 3 109 habitants en 2004.

Dispersées de chaque côté de la route qui mène à la frontière algérienne, les ruines de Ammaedara (photo 3) sont l'entrée du village de Haïdra (900 m d'altitude).

 

Photo3 : Ruines de Haidra

 

Outils méthodologiques

Afin de vérifier l’hypothèse de la disparité en matière de développement entre les régions du gouvernorat de Kasserine, ce travail fait appel à la méthode d’Analyse en Composante Principale (ACP) qui permet de regrouper les indicateurs de développement en un nombre limité d’indicateurs synthétiques appelés facteurs qui seront plus simples et plus clairs à interpréter à la différence de l’information initiale qui est trop abondante pour être exploitée dans son état brut (Lebart et al, 1997). Cette méthode permet de dresser une typologie des régions suivant leur ressemblance sur la base de ces facteurs (Jaouad et al, 2009). Les données sont issues des 11 indicateurs régionaux1 de développement déterminés par l’Office du développement de Sud (ODCO) relatifs à l’année 2014 pour le gouvernorat de Kasserine. Ces indicateurs sont essentiellement sociaux qui reflètent le niveau de vie de la population des différentes régions.

 

Résultats

Disparité du niveau de développement territorial dans le gouvernorat de Kasserine

L’application de la méthode de l’Analyse en Composante Principale montre que les deux premiers axes (F1 et F2) ont les valeurs propres les plus élevées. Ils totalisent à eux seuls 79,72 % de la variabilité totale de l’analyse (tableau1).

 

Tableau 1 : Valeurs propres et variabilité des facteurs principaux (Source : résultats de l’application de l’ACP)

Axe

Valeur propre

Variabilité (%)

Pourcentage cumulé

F1

7,32

66,51

66,51

F2

1,45

13,20

79,72

F3

0,94

8,54

88,26

F4

0,62

5,68

93,94

F5

0,31

2,85

96,80

F6

0,13

1,17

97,96

F7

0,11

1

98,96

F8

0,06

0,55

99,51

F9

0,03

0,29

99,80

F10

0,02

0,19

99,99

F11

0

0

100

 

 

Le premier axe F1 (Figure 4) représente 66,51 % de la variabilité observée, il est corrélé aux indicateurs exprimés par : Populations n’ayant pas de l’eau de robinet dans leur maison, Populations n’ayant pas accès au réseau d’assainissement, Familles sans salle de bain, Familles sans voiture, Familles sans télévision, Familles sans réfrigérateur, Taux d’analphabétisme, Taux d’analphabétisme féminin, V10 : Taux d’activité féminine, V11 : Taux de chômage. L’axe F2 est essentiellement corrélé à l’indicateur lié à la Population n’ayant pas accès à l’électricité (V3).

 

Figure 4 : Répartition des indicateurs et des délégations sur le plan factoriel (F1 et F2)

 

Cette méthode d’analyse à composante principale a permis de distinguer trois groupes de régions selon leur situation de développement exprimée par des indicateurs socio-économiques. La figure 5 montre que ces trois groupes sont homogènes sur le plan factoriel (F1, F2), les délégations les moins développées (à droite du graphique), les délégations à développement socioéconomique moyen (au centre du graphique) et les délégations les plus développées relativement au gouvernorat de Kasserine (à gauche du graphique).

Cet essai d’évaluation d’état de développement socioéconomique a fait apparaître des différences de résultat selon la source utilisée entre la desserte en eau potable, l’électrification, familles sans salle de bain, familles sans voiture, familles sans télévision, familles sans réfrigérateur, taux d’analphabétisme, taux d’analphabétisme féminin, taux d’activité féminine, et taux de chômage.

 

Figure 5 : Position des groupes socioéconomiques sur le plan factoriel (axes F1 et F2)

 

 

Régions à faible niveau de développement socioéconomique

Plusieurs projets de développement agricole, industriel et artisanal, d’infrastructure, d’emploi, des projets de développement et du tourisme, ont été implémentés dans ces zones. Des études d’impact des politiques de développement ont pu montrer la réussite de ses actions attestée par des indicateurs sous ou surestimés. Ces indicateurs de développement n’ont pas pu cacher la disparité de développement entre les délégations du gouvernorat de Kasserine.

Les études faites sur l’état de développement en Tunisie ont montré une disparité régionale entre les régions du nord, du centre et du Sud (Riadh et al, 2011). Les régions de l’intérieur ont enregistré un état de sous développement et de misère très important. La région de Kasserine est classée parmi les régions plus pauvres du pays.

Cette étude a montré que les convergences de développement ont touché à cette zone. On a pu identifier les délégations dans lesquelles vie une population pauvre qui manquent les services de nécessité et de besoins naturelles, comme celles de logement, de soin, d’accès pour le déplacement, d’éducation, d’alimentation, d’électrification…etc.

L’analyse des indicateurs régionaux de développement montre qu’un effort devrait être apporté, surtout pour l’accès des ménages aux services de base, dans ces délégations défavorisées qui sont des régions qui souffrent de l’absence d’une bonne gouvernance et d’une politique cohérente de développement à long terme d’une part, et de leur faible intégration dans le tissu régional et national d’autre part.

 

Régions à développement socioéconomique moyen

Ce groupe est formé de dix délégations dans le gouvernorat de Kasserine. Ces régions sont classées à développement socioéconomique moyen relativement à l’état de développement dans les régions pauvres de l’intérieure tels que Gafsa et Sidi Bouzid.

Ces régions sont marquées par une population à dominante rurale qui vivait dans un « rif ». En effet, le gouvernorat de Kasserine est marqué par le milieu rural estimé à 60% de sa superficie totale. Les efforts de développement ont été concentrés dans les centres des délégations et le développement des infrastructures ne touche que les entrées de ces villes pour pouvoir camoufler la réalité par des indicateurs de développement gonflés, et les généraliser sur toutes les zones marginalisées ou non des milieux ruraux. Donc, cette classification ne prend sens que si on tient compte que des centres des délégations sans compter les milieux ruraux.

Les délégations de Haidra et de Feriana sont frontalières avec l’Algérie. Le commerce informel est la principale source de revenu chez quelques familles dans ces zones. Cette activité est contrariée par des difficultés douanières entre les deux pays.

Dans les délégations d’Elayoun, de Jedelyen et de Foussana, l’activité agricole est développée. C’est une source de revenu malgré les difficultés d’investissements, les difficultés des accès agricoles. Ces zones oubliées n’ont pas eu des opportunités d’investissement de la part de l’Etat et des efforts publics. L’activité agricole est une préoccupation des chefs de ménage ayant un age avancé, les jeunes diplômés sont des chômeurs qui n’ont pas trouvé des incitations pour développer leur patrimoine agricole. Les filles aussi, diplômée ou non, n’ont pas bénéficié de leur part des encouragements alloués à la femme rurale dans plein de projets de développement agricoles et non agricoles.

Sbiba et Sbitla, sont deux délégations, aussi classées moyennement développées. La première est à vocation agricole, elle produit les pommes (AOC). Ce produit est destiné à l’exportation, mais au niveau de la nation, cette zone manque des structures institutionnelles qui encouragent et qui assurent l’exportation. Aussi, Sbitla et Haidra sont deux zones touristiques avec des ruines romaines très importantes mais peu connues et peu visitées, à cause de l’absence d’une structure institutionnelle qui s’occupe de ce secteur et le développe et le faire entrer dans les circuits touristiques.

 

Régions classées développées dans le gouvernorat de Kasserine

Ce groupe est formé d’une seule délégation, c’est la délégation de Kasserine nord, qui est classée développée relativement au gouvernorat. Mais ce même milieu reste toujours sous développé relativement au pays. La dynamique économique de cette zone est liée à une zone industrielle qui jouait un rôle important dans le développement du niveau de vie de la population locale. La création des postes d’emploi garantie un revenu moyen qui offre à la population les besoins nécessaires tels que le logement avec une salle de bain, l’eau potable, l’électricité, le réfrigérateur, et l’éducation des enfants.

 

 

Conclusion

Les problèmes de développement en Tunisie n’ont pas été conclus seulement au niveau des zones intérieures, mais un retard de développement et une misère touchaient les zones rurales dans ces mêmes régions. Les mécanismes des disparités régionales résultent d’un type d’organisation spatiale qui, sous l’effet de facteurs historiques et socio- économiques, a imprimé à l’espace un développement inégal. Les facteurs les plus importants de cette disparité sont liés à l’urbanisation et aux flux migratoires. L’urbanisation est une conséquence incontournable du développement économique, mais un facteur déterminant des disparités inter-régionales, par son impact sur le marché du travail et les conditions de vie. Les flux migratoires en général et l’exode rural en particulier, contribuent à la formation des disparités régionales non seulement en terme démographique mais aussi selon la productivité et la création de richesse. La plupart des migrations inter-régionales essentiellement vers les régions très urbanisées telle que le Grand Tunis et le Sahel, sont motivées par la recherche d’emploi et l’amélioration du niveau de vie. La vulnérabilité du milieu rural qui est liée à la dépendance de l’activité agricole et aux aléas climatiques favorise la concentration de la pauvreté et renforce les déséquilibres régionaux.

La réduction des disparités régionales impose une redéfinition du rôle des espaces économiques. D’une part dans le monde rural, ou la transformation des structures et la réduction des écarts entre secteur moderne et traditionnel doivent s’accompagner de la formation et de la mobilisation des hommes. D’autre part, dans le monde urbain où l’état de concentration du réseau doit évoluer vers des formes d’organisation décentralisées, intégréesau plan régional et utilisatrices de main-d’œuvre.

La région de Kasserine a connu des efforts d’investissement et de développement socioéconomique modestes, une amélioration des conditions de vie dans les centres villes des délégations, mais les milieux ruraux sont encore dans la misère. L’affectation des richesses ainsi que des efforts de développement ont convergé vers les grandes zones économiques du pays tels que le grand Tunis, le sahel et sfax. Le centre est oublié sauf pour des projets de développement insuffisants de point de vue réalisations et financements.

Ces zones oubliées ont connu une marginalisation de la part des pouvoirs publics. Les politiques publiques de développement ont assisté à la misère dans ces zones depuis les années cinquante. Dans le gouvernorat de Kasserine, la disparité régionale entre les délégations et entre le milieu rural et le milieu urbain a accentué le retard de développement.

Cette zone a des potentialités naturelles et humaines énormes. Le processus de développement en peut être assurer en se basant sur les priorités de développement sociales par des fonds sociaux publics ou privés pour un logement convenable, pour le soin, l’alimentation, l’éducation, l’électrification et l’adduction de l’eau potable. Des priorités de développement agricoles se posent, tels que la valorisation des produits agricoles par l’encouragement des unités de transformation et de conditionnement à travers une dynamique de coopération et de partenariat, la modernisation des systèmes d’exploitation par un apport technologique pour la Maîtrise des techniques de commercialisation et de communication, et la création de labels pour les pommes de Sbiba et les figues de barbarie de Zalfane.

Des priorités de développement culturel du patrimoine archéolgique est opportun, par la restauration des sites archéologiques et l’amélioration de leurs environnements, l’aménagement des accès de visites et la signalisation des différents monuments, l’implantation des structures d’accueil et d’un corps de guide des sites, l’établissement d’un programme de fouilles des principaux sites archéologiques, et la production de divers supports de commercialisation des produits culturels, touristiques et artisanaux.

Des opportunités d’investissement sont suggérées, qui pourraient offrir aux promoteurs et investisseurs pour exploiter les ressources bruts, pures et abondantes de la région de Kasserine. L’agriculture offre des cultures spécifiques (figue de barbarie, cerise, raisin de table, pommes, cultures biologiques). Le secteur de l’industrie agroalimentaire peut toucher la déshydratation de tomate, la transformation de lait – Fromageries, l’entreposage et conditionnement des fruits et légumes, l’extraction et embouteillage des huiles alimentaires, essentielles et pharmaceutiques. Le secteur de l’industrie s’intéressera à l’Extraction, transformation et reconstitution du marbre, à l’exploitation des carrières (calcaire, pierre, gypse, argile...), aux Industries de verre, etc.

  

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