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The regression of the coastline, worrying indicator synonymous with coastal degradation: case study the Tunisian Sahel

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La régression du trait de côte, indicateur inquiétant synonyme de la dégradation littorale : étude de cas le Sahel tunisien



Y. REGAYA1

F. HAOUALA2

 

Territoire et Patrimoine à l'Université de Sousse, Tunisie.

2 Université Islamique Al Imam Mohammad Ibn Saoud, Faculté des Sciences, Département de Biologie 11623 Riyad, Arabie Saoudite. 



Abstract – This work is part of a multi-date analysis of the landscape dynamics of the coastal areas of the Sahel of Sousse and Monastir in Tunisia using cartography and cartographic information systems to detect and quantify the degree of natural and anthropogenic in each landscape entity present in our study area between 1883 and 2015.

Keywords: Spatial analysis, cartography, natural hazard, landscape, coastline.

Résumé - Ce travail s’intègre dans le cadre d’une analyse spatiale multi-dates des dynamiques paysagères des milieux côtiers du Sahel de Sousse et de Monastir en Tunisie moyennant la cartographie et les Systèmes d’Informations Géographiques pour détecter et quantifier le degré du risque naturel et anthropique dans chaque entité paysagère présente dans notre zone d’étude entre 1883 et 2015. 

Mots clés : Analyse spatiale, cartographie, risque naturel, paysage, littoral.

 

1. Introduction

Notre zone d’étude s’étend sur le Sahel traditionnel de Sousse-Monastir (selon l’appellation apparue dans le P.D.U de la conurbation Sousse-Monastir de 1991) sur une bande parallèle à la côte. Cette position garantie à notre site une large ouverture sur la mer, des caractéristiques spécifiques, un climat doux et un paysage urbain anciennement humanisé malgré ses mutations économiques et sociales rapides. Un relief peu élevé et à altitude modeste caractérise notre site ainsi qu’une mosaïque de plusieurs petites unités de H’madas et vallons plus ou moins larges, des sebkhas, des zones temporairement inondables, des plaines ou cordons littoraux, des dunes vives, des plages sableuses et des côtes à falaise.

 

2. Carte de synthèse

2.1. SIG : outil indispensable

Le Sahel est la région littorale de la Tunisie centrale qui apparaît au 19ème siècle comme un pays bien individualisé avec une économie oléicole et une population dense regroupée dans des villes à différentes formes urbaines (Belhedi, 1993). L’intérêt d’un tel travail est d’offrir une visualisation concrète des changements intervenus dans l’utilisation du sol et ses conséquences. On essayera de détecter les bouleversements et tenter de les analyser. Afin d’atteindre nos objectifs, cette recherche permettra une meilleure familiarisation avec les techniques de traitement des photographies aériennes, des données statistiques et cartographiques. L’utilisation des différents logiciels facilitera en particulier le travail de visualisation, des changements de l’utilisation du sol. De plus, toutes les analyses, les traitements, les recherches, les lectures, les entretiens sont orientés dans un cadre structuré et dans un but précis. Collecter les données, tenter de les analyser, de les corréler, interpréter les changements, les visualiser, assimiler les travaux antérieurs pour tenter de comprendre les dynamiques de la façade littorale de Sousse, sont les principaux points recherchés. Dégager les causes et les conséquences est également la base de ce travail qui respectera au mieux les travaux de recherche antérieurs sans oublier de démontrer les efforts des chercheurs précédents. Ce travail n’est pas une réponse immédiate à la problématique paysagère mais il se veut banque de données et d’informations, outil de sensibilisation du grand public à l’approche paysagère où ces données paysagères sont traitées et transformées, bien sûr en cartes. Par ailleurs, ce qui importe c’est d’avoir cette possibilité de croiser ces données avec d’autres paramètres et apports dans des banques de données bien conçues et cogitées pour cette affaire afin de détecter les dynamiques et les mutations remarquables ce qui permettra de renforcer et d’enrichir la réflexion paysagère au fur et à mesure au fil du temps et des apports de l’information géographique ainsi que les différents outils de traitement de données. Dans le cadre de l’analyse multi-dates des dynamiques des milieux côtiers du Sahel de Sousse, nous avons cartographié et quantifié les différentes parties des profils des entités paysagères présentes dans l’écosystème côtier. La présentation des techniques de traitement dans notre analyse multi-dates de la mutation du Sahel de Sousse et la précision des marges d’erreurs constituent le volet principal de ce travail. Cette analyse diachronique est appuyée sur des données de natures différentes : les cartes topographiques, les photos aériennes, les images satellitaires, les levés topographiques associées à des travaux de terrain. En s’appuyant sur les outils des systèmes d’information géographique (SIG), ces supports utilisés ont été géoréférencés et orthorectifiés afin de les cartographier et construire une grande base de données (banque de données). En raison de l'étendue de la côte examinée (72km), nous avons utilisé une masse importante de supports présentés dans le tableau suivant. Les photographies aériennes ainsi que les cartes topographiques ont été scannées en format A3 et avec une très haute résolution pour une meilleure lisibilité. Toutes les photos aériennes et les images satellitaires ont été corrigées par rapport à un document de référence. Nous avons choisi les photos aériennes de plusieurs missions qui couvrent complètement notre zone d'étude. La correction géométrique (orthorectification1 et géoréférencement2) est une étape capitale permettant de bien quantifier les différents aspects de l'évolution du milieu côtier selon Robin (1990); Gobert et al. (1996); Saffache (1998) et Durand (1998 ; 2000). Les images satellitaires dans le domaine du littoral présentent un document d’appui puisqu’elles donnent des visions sur toute la zone d’étude et avec cet outil, nous avons pu examiner les différentes composantes des zones littorales depuis les eaux vers la terre.

 

Tableau 1. Différents supports utilisés dans l’analyse paysagère.

Types des données et supports

Date

Echelle

Couverture

Cartes topographiques

1922

1/50 000

Couverture complète de la région avec le chevauchement de ces différents types de données

1982

1/25 000

1952 (Hergla)

1/12 500

Photos aériennes

1887

1/12 500

1957 - 1963

1/12 500

1974

1/25 500

1988

1/25 500

1996

1/10 000

2000

1/10 000

Images satellitaires

Landsat (multispectral)

1990

1/10 000

Spot XS (multispectral)

2000

1/50 000

Quick Bird

2006

1/10 000

 

2.2. Discussion des résultats

Michelin, 2005 considère que les représentations cartographiques sont utilisées dans les démarches paysagères pour caractériser l’état initial, localiser des mutations ou bien pour définir une extension spatiale d’un type de paysage et pour matérialiser un risque. On a créé un support familier sous forme de cartes de risque pour tous les acteurs aménageurs (paysagistes, agronomes, naturalistes, etc), outil d’aide et d’orientation. Ces représentations prennent plusieurs formes selon le degré de traitement du phénomène décrit. Il peut s’agir de cartes, de photographies ou même de maquettes. La carte suivante montre le résultat final qui cerne les zones à risque en rouge, couleur du danger. On a pu mettre au clair les zones les plus sensibles et les plus affectées par la dégradation naturelle et surtout par l’érosion et ce à travers la superposition des différents traits de côtes des différentes missions entre 1883 et 2015 ce qui nous a donné ce résultat. On va détailler par la suite les 4 zones les plus importantes et les plus dégradées naturellement.

 

 

Cartes 1. Carte d’ensemble - degré du risque sur la frange littorale de la zone du Sahel de Sousse.

Source : Elaboration personnelle

 3. Les côtes les plus sensibles

3.1. Grand Sousse

Cette zone s’étend sur 75 Km de façade littorale et couvre une superficie de près de 985 Km2. Etant donné que Sousse a toujours une influence sur la région du Sahel à travers la diversité de ses activités économiques et leurs poids, elle garde son rôle de pôle attractif pour les travailleurs qui viennent des autres villes voisines. On note l’existence d’un type d’urbanisation non réglementée qui se développe en continuité tout au long des axes de communications ainsi que la présence d’un autre paysage d’implantations touristiques qui occupent les zones côtières ; un paysage qui prédomine la bande du littoral de la zone d’étude. Le littoral de Sousse est caractérisé par l’existence des grandes plages sablonneuses fragiles affectées par le phénomène de recul du trait de côte. Les actions anthropiques et d’aménagement des bassins versants, rajoutées à plusieurs facteurs naturels, ont entraîné l’érosion des plages et la détérioration des herbiers et des équilibres littoraux. Certaines plages sont en état de démaigrissements tels que celles de Hammam-Sousse et de Sidi Abdelhamid à Sousse. Les plages centrales sont sur fréquentées comme celles de Boujaafar à Sousse et qui dépasse largement sa capacité maximale de 4m2/estivant. Les oueds et les canaux déversant dans la mer subissent des rejets des eaux usées et des déchets solides ce qui dégrade l’état général des plages. Les faits de la dégradation se manifestent davantage avec l’urbanisation qui s’étend au dépend des espaces naturels ce qui mène à la destruction des cordons dunaires3 et à l’amaigrissement des plages. Les aménagements portuaires aussi ont amplifié cette dégradation au profit du tourisme qui a intensifié l’utilisation du front de mer. Les aménagements hydrauliques sur les principaux oueds ont réduit la charge alluviale qui atteint la mer ce qui a entraîné un déficit sédimentaire et une grande érosion des plages. L’écosystème Sebkhat Halk El Menzel et la Fôret d’El Medfoun au Nord de la zone d’étude semble une zone sensible parmi les plus importants de la Tunisie. La carte suivante montre la profonde dégradation subie par les plages du Grand Sousse à travers une comparaison et une superposition des traits de côte de 4 dates sur une période de 128 ans : depuis 1887 jusqu’à nos jours.